« Nous sommes partis du modèle des transports en commun », explique Grégoire de Pins co-fondateur et responsable opérationnel de la société (statut SAS) Sharette. Créée fin 2013 par deux ingénieurs de moins de trente ans (G. de Pins et Hugues Pouillot), la jeune entreprise veut proposer aux conducteurs d'Ile-de-France de remplir leur voiture au quotidien pour les courts trajets (maison / boulot ou maison / université, typiquement). Rien de nouveau ? Si, car elle affirme être la seule, sur le créneau du covoiturage courte distance, à avoir pensé depuis le début son service en mode « transport en commun » et intermodalité. Kesako ? Le prix d'une course est celui d'un ticket de métro (1,70 euros) et le coeur du service est une application smartphone qui ne se limite pas à la mise en relation du conducteur et du passager : elle complète la proposition de trajet en cas de besoin avec les bus, métros, RER disponibles. Pour cela, le calculateur d'itinéraire Sharette s'appuie bien sûr sur les horaires des transports en commun qui sont fournis en direct, en mode « open data », par la RATP. A l'arrivée, le conducteur se fait de l'argent tout en réduisant son empreinte CO2 individuelle, tandis que les passagers gagnent du temps sur le trajet global.
L'innovation d'usage doit minimiser les contraintes
On l'aura compris, Sharette propose une innovation d'usage. Fort d'un test pilote pendant plusieurs mois sur le campus d'HEC, la start-up construit la version 2 de son application, avec un axe clef : ne pas générer de contraintes pour les utilisateurs. Pas question surtout de modifier l'itinéraire du conducteur. Et pour que l'adaptation du passager soit « agile », l'application offre le trajet le plus rapide en complétant celui de la voiture avec les transports en communs publics. Elle fonctionne avec des e-tickets à 1,70 euros, qui sont ré-utilisables sans frais additionnels pour favoriser le « report modal ».
Sharette se rémunère via une commission, au moment où le conducteur vire sur son compte bancaire les e-tickets qu'il a reçus des passagers.
Un accompagnement aux petits oignons
« C'est complètement incroyable : pour les locaux nous avons presque un problème de luxe ! », s'amuse Grégoire de Pins. Depuis 2013/2014 Sharette était épaulée par deux incubateurs, celui de l'école Centrale Paris et celui de Paris Innovation (Paris Innovateurs Cleantech, dans le 18ème), ce qui lui offre déjà une altenative de locaux. Depuis septembre 2014, elle est aussi l'une des 12 start-up sélectionnées par la pépinière NUMA (ex Silicon Sentier), pour son programme d'accélération. A ce titre, les co-équipiers ont un espace de travail disponible au 3ème étage de Numa. Blague à part, l'accompagnement de Numa / Le Camping est tout à fait complémentaire de celui des incubateurs. Il est en effet beaucoup plus dense, sur un planning resserré de 4 mois (contre 12 mois pour l'incubateur de Centrale Paris).
Une première levée de fonds à 100.000 euros
Sharette n'en est qu'à ses débuts, confie Grégoire de Pins. Mais cette belle idée vient de boucler une première levée de fonds à 100.000 euros auprès de business angels (dont le nom est confidentiel). L'argent servira à élargir le service fin 2014, sur une dizaine de site, campus universitaires et entreprises. L'étape suivante sera le lancement grand public en 2015 sur toute l'Ile-de-France, avec comme territoires prioritaires, les petites et grandes couronnes. Pour cela, les deux associés devront d'abord démontrer le succès de leur offre au delà du campus d'HEC, et ensuite trouver des financements supplémentaires, via, espèrent-ils, une deuxième levée de fonds.
TROIS QUESTIONS A GREGOIRE DE PINS
Est-ce que vous vous reconnaissez
dans l'économie du partage et l'écosystème qui va avec (Oui
Share festival, etc) ?
On
en fait partie définitivement ! Concernant Oui Share, nous sommes en
contact depuis le début avec Antonin Léonard, qui nous a mis en relation avec d'autres start-up et qui nous donne des
conseils. On revendique les valeurs de cette économie, c'est une
communauté extrèmement importante pour nous.
Mais l'économie du partage cela ne
fait pas fuir les investisseurs ?
Cela dépend de leur culture !
L'investisseur traditionnel, habitué au modèle B2B (business to
business, dans lequel les clients sont des entreprises) sera
peut-être un peu sceptique, à la fois sur la possibilité de faire
de l'argent en ciblant le grand public et sur cette notion d'économie
collaborative, qui a pour certains un côté complètement utopique.
D'autres sont plus ouverts et savent que de plus en plus
d'économistes voient le collaboratif et les plateformes entre
particuliers comme des solutions d'avenir ! Tout le jeu est de
les convaincre que c'est une vraie économie qui peut faire gagner de
l'argent. Pour cela, nous montrons les success story. BlablaCar avec
150 personnes et zéro moyens physiques, commence à concurrencer la
SNCF.
Qu'est ce que vous faites sur le
front du climat ?
Le covoiturage a un volet RSE, sociétal
et environnemental. Notre objectif est le report modal, qui permet de
réduire les émissions de CO2. Chez nos utilisateurs, au vu du
pilote de Saclay, il y a une prise de conscience et c'est pourquoi
nous avons intégré le calcul de l'empreinte carbone économisée,
dans notre application. Avant nous, Bla Bla Car insistait déjà
beaucoup sur l'aspect environnemental.
L'équipe des 4 associés Sharette (G. de Pins à gauche, Hugues Pouillot à droite)
Grégoire
de Pins, ingénieur de l'école angevine ESEO, a plongé dans les
transports en commun en 2007, quand il travaillé sur l'amélioration
des fréquences des transports métro, en vue des Jeux Olympiques de
Pékin 2008. Après une création d'entreprise en Amérique du Sud en
mode « intrapreneur » (entrepreneur au sein d'une
entreprise pré-existante) et un passage en tant que consultant pour
Cag Gemini, il s'est associé à Hugues Pouillot, un centralien de 25
ans, qui avait lui fait ses classes en Californie sur les données
internet (data analyst). Aujourd'hui, l'entreprise (statut SAS)
regroupe 4 personnes.
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