mercredi 29 janvier 2014

De l''acide pour faire des cellules souches

Plongez des cellules de souris dans de l'acide et vous obtenez... des cellules souches !
Ce serait « une découverte scientifique majeure », qui fait l'objet d'une publication le 29 janvier sur le site web de la revue Nature.



Des chercheurs japonais ont réussi à produire des cellules souche rapidement, en faisant réagir des cellules différenciées de souris... avec de l'acide. C'est ce que dévoile la revue Nature, le 29 janvier. Dans un papier publié par la revue Nature 505 (641–647une équipe de chercheurs détaillent un procédé peut-être révolutionnaire, baptisé en anglais « stimulus-triggered acquisition of pluripotency » (STAP) : autrement dit dans la langue de Robert Desnos, l'acquisition de la pluripotence par une stimulation intense. La pluripotence étant une des facultés de certaines cellules souches.

Les cellules souche sont des cellules indéterminées, « génériques » (en anglais, "stem cells") qui ont la propriété de se transformer ensuite en cellules différenciées (spécifiques). C'est d'ailleurs ce qu'elles font naturellement, dans le cas des cellules souches qui constituent les embryons. Mais depuis plusieurs années elles suscitent des attentes fortes pour soigner à terme des organes complexes comme les yeux ou même le coeur ou encore pour lutter contre le cancer : cette branche de recherche est la thérapie par les cellules souches.

Le docteur Haruko Obokata, du Riken Centre for Developmental Biology, co-auteur de la publication, s'est déclaré « réellement surprise » par la découverte tandis qu'un chercheur anglais interrogé par la BBC, Chris Mason de University college London, s'enthousiasmait : « L'âge de la médecine personnalisée est peut-être arrivé (…). Si cela fonctionne aussi bien sur les humains que sur les souris, cela serait alors plus rapide, moins cher et peut-être plus sûr que toutes les autres technologies de reprogrammation des cellules ».

Oh la oh la : n'iriez-vous pas un peu vite ? De la souris à l'homme, il y a plus qu'un pouce.

Après avoir qualifié de « remarquable » la découverte, un autre chercheur anglais, le professeur Lovell-Badge, s'interrogeait, badin : « Et pourquoi la même réaction n'arrive-t-elle pas quand nous mangeons du citron ou buvons du coca ? ».

Sources :

http://www.bbc.co.uk/news/health-25917270

Photo : flickr / UC Irvine

Mise à jour du 25 mai 2014 : cette étude était bidonnée, a-t-on appris récemment. De l'aveu même de la chercheuse, qui voulait son quart d'heure de célibrité. Elle l'a eue, pas sûr que cela lui réussisse.


 

jeudi 9 janvier 2014

Espionnage : le géant RSA en pleine tourmente


C'est une autre conséquence des révélations Snowden : RSA Security, leader mondial du cryptage informatique, voit sa conférence annuelle (24.000 visiteurs en 2013) risquer le boycott et sa réputation sévèrement compromise. Après des révélations en décembre sur un contrat de complaisance de 10 millions de dollars avec l'agence NSA, une dizaine des spécialistes mondiaux les plus en vue du cryptage informatique ont annoncé qu'ils boycotteraient la conférence annuelle du géant, prévue en février prochain (24 au 28) à San Francisco.

Une partie d'entre eux étaient pourtant prévus au programme des tables rondes de la RSA conference. Et le nombre des opposants pourrait continuer d'augmenter. Mais c'est en fait à la fois le fond de l'accord, et les dénégations maladroites de RSA qui suscitent la critique, alors que les débats continuent, aux USA, sur l'opportunité de mieux encadrer la NSA et sa coopération avec les entreprises privées.

RSA aurait accepté de maintenir un défaut (une « backdoor ») sur un de ses produits de cryptage à clef publique (Dual_EC_DRBG) pour que la RSA puisse déchiffrer à sa guise les messages cryptés avec l'offre commerciale RSA. En septembre, des révélations Snowden dans le New York Times avaient appris au public que la NSA avait travaillé pour insérer des failles dans plusieurs systèmes de cryptage commerciaux. En décembre, on a appris qu'un contrat de 10 millions de dollars aurait été signé en 2004 entre les dirigeants de RSA et la NSA, à l'insu des ingénieurs de l'entreprise, pour maintenir le défaut dans l'offre commerciale.

Le boycott a commencé quand Mikko Hyppönen une figure du cryptage finlandais a annoncé son retrait de la conférence. Hypponen, qui a longtemps coopéré avec les agences d'Etat contre le cybercrime, est l'auteur de cette formule choc à la suite des révélations Snowden : "George Orwell était un optimiste" !

Puis la tension est montée d'un cran : une autre personnalité de la sécurité informatiqu, l'Américain Jeffrey Carr, appelle non seulement à boycotter la conférence mais aussi les produits RSA. Motif ? Il accuse RSA d'avoir violé la confiance de ses clients.

« Il faut un boycott large des produits RSA. Il se suffit pas de dire tout le mal qu'on pense de l'entreprise. La maison mère de RSA, EMC, comme toute autre entreprise, a un Conseil de Direction qui doit répondre aux actionnaires de la maximisation des revenus. Si les clients de RSA commencent à annuler leurs contrats et à refuser les produits de RSA, les revenus de l'entreprise vont baisser, or seul ce type de message fera changer la Direction de cap », déclare Jeffrey Carr sur son blog Digital Dao.

Le 22 décembre, RSA, avait démenti les affirmations du New York Times, mais sans convaincre les spécialistes : car la faille, rappellent Jeffrey Carr,, avait en fait été évoquée dès 2006 ! 

Pendant ce temps, les progrès de régulation européens, qui visent à mieux encadrer les autorités de surveillance, sont dans l'impasse. Et deux camps s'opposent, entre les partisans du respect des droits ancestraux à la vie privée / confidentialité et ceux qui jugent cette "privacy", obsolète.



A propos des conséquences de l'affaire Snowden pour les entreprises, voir mon article pour Novethic
Les télécom aux prises avec l'affaire Snowden .