vendredi 15 mai 2015

Le travail, parent pauvre de la COP21

Mettre en avant des "solutions" et pas uniquement rechercher un accord international sur le climat : c'est la volonté du gouvernement français et de beaucoup d'acteurs privés et publics, dans le contexte de la conférence climat Paris COP21. Un des principaux outils est le "Hub des solutions", qui servira de socle à une exposition au Grand Palais. Parmi les quelques 200 solutions inscrites, celles qui mettent comme thème prioritaire "le travail" sont ultra-marginales. Cherchez l'erreur ?



Le hub des solutions climat
Formidable. Sur le site web plateformesolutionsclimat.org des solutions épatantes sont présentées par des entreprises et des associations : réparties sur 12 catégories (énergie, se loger, s'alimenter, travailler...), elles permettent de diminuer les émissions de CO2, et/ou de mieux recycler, d'affronter le changement climatique ... Epatant, franchement, vous devriez aller y faire un tour. Cela permettra de contrecarrer ces quelques pigeons de mauvaise basse cour qui s'enfoncent dans la sinistrôse.

Une chose interpelle :  l'écrasante majorité des proposeurs de solutions (il suffit de s'inscrire et de payer une modique somme pour enregistrer une solution, c'est même gratuit pour les ONG) ont ciblé les catégories Energie (105 solutions), le recyclage (38), le logement (37) ...

Se divertir ? 7 solutions.

Travailler ? 6 solutions, c'est la catégorie la plus vide.

Oui, bien sûr, installer des éoliennes, des panneaux solaires, des centrales thermiques des mers, isoler les logements, cela créé des emplois. La croissance verte crée des emplois et le travail est transversal.

Transversal, mais rare.

Est-ce que la place du travail dans les solution climat pose problème ?

Est-ce que les solutions au problème climatique ne devraient pas embarquer une réflexion de fond sur le travail ?

Il existe un point d'entrée parmi d'autres pour réfléchir : c'est le fait qu''une partie des "jobs" de la croissance verte sont des emplois à faible qualification qui sont portés par des structures...  formidables et subversives, les entreprises d'insertion de l'économie sociale et solidaire. C'est le cas par exemple dans le recyclage, voir pour l'isolation des bâtiments.

L'autre partie des emplois est géniale, mais chiche : ingénieurs, bureaux d'études, quelques postes en maintenance.

Les Entreprises d'insertion embarquent des contrats qui ne sont ni CDI ni CDD, mais CDDI ainsi que des chargés d'insertion. Qui est au courant ?

Une lecture simpliste, ou intuitive, de la réalité de ces chiffres (6 solutions sur le travail, 105 pour l'énergie) serait la suivante : la croissance verte ne crée pas assez d'emplois. D'où l'urgence d'inclure dans la réflexion un nouveau partage du travail... ou à défaut, un revenu d'existence.

Et si on ne fait rien ? Bienvenue à Gettaca. Verte, Gettaca.