mercredi 23 juillet 2014

Changement climatique : 93% des Chinois y croient

Les Européens n'ont pas de leçons à donner à la population chinoise sur le climat. Conclusion possible de l'enquête mondiale Global Trends d'Ipsos MORI. Son volet environnemental montre les décalages de perception sur le climat, entre USA, Europe et Chine. Il tort le cou à certains préjugés. 93% des Chinois croient à l'origine humaine du changement climatique et 92% déclarent faire autant d'efforts que possible sur le recyclage.



Etes-vous d'accord avec cette affirmation ? « J'essaie de recycler autant que je le peux ». Sur les 20 pays interrogés par Ipsos MORI, c'est la Chine qui répond le plus « oui ». 92%, précisément. La Chine est en tête devant le Canada et la Belgique, la France se situant en 8ème position, et la Russie en queue de peloton. C'est un des enseignements de cette étude réalisée auprès de 16.000 personnes par l'institut de sondage. Ce n'est pas le seul.

La France se distingue, avec l'Espagne, pour être un des pays où la croyance que le gouvernement utilise l'environnement pour augmenter les taxes est la plus élevée. Effet d'une communication politique inadaptée ? D'un traitement médiatique biaisé ? Ajouter les augmentations d'impôt réelles du quinquennat Hollande à ces deux éléments de réponse et vous aurez, à mon avis, l'explication.

Les Etat-Unis toujours champions des climato-sceptiques
Sans surprise, les Etats-Unis restent le pays le plus climato-sceptique : seuls 54% des sondés aux USA pensent que le changement climatique est causé par l'activité humaine. Les deux autres pays les plus climato-sceptiques étant l'Australie et le Royaume-Uni. D'après le Climate Desk, trois raisons à ce tropisme anglo-saxon : la prévalence de l'idéologie néo-libérale, le poids de l'empire médiatique de Rupert Murdoch et la présence dans ces pays de think tanks climato-sceptiques...

A l'inverse, 93% des Chinois pensent que le changement climatique est d'origine humaine. Hypothèse simple de ce consensus : la Chine est le pays où l'activité humaine (création d'usines, pénétration des automobiles et autres objets émetteurs de CO2) a le plus changé ces dernières 20 années, alors même que l'environnement (désertification...) se dégradait le plus...

En France, 80% des sondés croient à l'origine humaine du changement climatique.

La population chinoise est aussi la plus critique vis-à-vis des entreprises. 93% des sondés estiment que les entreprises ne s'engagent pas assez contre le changement climatique. En France, ils sont 78% et aux USA, 65%.

Espérons que la démocratie s'installe en Chine rapidement.

Source : http://www.ipsosglobaltrends.com/environment.html


mardi 15 juillet 2014

Conférences climat COP20 et COP21 : préparatifs

J'ai décidé de m'intéresser au projet d'accord mondial sur le climat, qui pourrait être signé lors de la conférence Paris Climat 2015. Après avoir ouvert un mini-site dédié à cette conférence COP 21, sur scoop it, voici un premier article sur la conférence COP 20 qui se tiendra au Pérou fin 2014... Alors que le Pérou entend faciliter un pré-accord, le pays vient de voter un plan de relance de l'économie qui rabote plusieurs exigences environnementales.

Lézard blanc mort, au bord du rio Madre de Dios. 
Photo Geoff Galice ccommons.




Conférence climat : Le Pérou schizophrène ?

Les conférences onusiennes sur le climat reprennent, avec la COP 20 (=conférence des parties) qui se tiendra en fin d'année au Pérou et la COP 21 qui aura lieu en décembre 2015 à Paris. L'objectif est de signer un accord international contraignant pour limiter les émissions de CO2, accord qui entrerait en vigueur à partir de 2020. C'est l'ambition affichée de la diplomatie française et Laurent Fabius : faciliter un tel accord, 6 ans après l'échec de la conférence climat à Copenhague. De même au Pérou, le président Humala espère faciliter un pré-accord lors de la COP 20 de décembre 2014.

Pour les ONG françaises, la France doit mettre en cohérence cette ambition avec sa politique intérieure sur l'énergie et sur le climat : notamment en ayant voté avant 2015, la fameuse loi sur la transition énergétique. Mais aussi, en décidant de mesures inédites, sur le front du climat et de l'économie. Sans cela, le gouvernement ne serait pas légitime pour demander un accord climat mondial, et donc des efforts aux pays du Sud.

Au Pérou, même ambiance : le gouvernement espère sortir de la COP20 auréolé d'un « pré-accord » et il veut aussi profiter de la COP pour apparaître aux yeux du monde, et des investisseurs, comme un pays vertueux sur le front du climat. Là, il y a un hic.

Le 3 juillet, le congrès péruvien a voté un paquet de mesures pour la relance de l'économie, le « paquete de medidas para la reactivación de la economía », qui nivèle par le bas plusieurs dispositions de protection de l'environnement.

L'objectif affiché du plan est de relancer l'investissement étranger, pour renouer avec une croissance à la chinoise : le PIB péruvien a augmenté de 5,8% en 2013 (excusez du peu), contre 8,82% en 2010.

Pays à très forte intensité minière, le Pérou s'apprête à réduire les amendes pour atteintes à l'environnement que pourraient payer les entreprises : les montants seront plafonnées à 50% des montants actuels.

Deuxième mesure contestée par les organisations environnementales : le délai d'instruction des études d'impact environnemental par les services de l'état. Ces études, qui sont un préalable à l'autorisation de tout projet industriel, sont cruciales. Le gouvernement voulait baisser ce délai à un mois, ce qui semble bien peu. Après passage au congrès, cela sera finalement 45 jours. Est-ce suffisant ? Quiconque a déjà eu entre les mains un dossier d'impact environnemental en doutera fortement.

D'après l' Environmental InvestigationAgency (EIA), basée à Washington, ces mesures interviennent alors que le Pérou s'apprête à lancer des appels d'offre pour des concessions de gaz et de pétrole en Amazonie. Des projets forestiers aussi seraient dans les cartons. Pourvu que cela ne soit pas du palmier à huile...



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