Depuis sa Bretagne natale, le nouveau site web Mon P'ti Voisinage
vise large : « devenir l’un des réseaux sociaux les
plus utilisés par les Français». Comment ? En regroupant les
services de l'économie collaborative (BlablaCar, Deways, La Ruche
qui dit oui...), en tant qu'agrégateur.
Mon P'ti Voisinage
rebondit sur une idée lumineuse, déjà exploitée par Nathan Stern
avec le site Peuplade : l'internet est un outil formidable pour créer du lien social de
proximité. Vous ignorez que le partenaire idéal de vos randonnées,
l'acheteur potentiel de votre chaîne hi-fi d'occasion ou le bricoleur prêt à
vous aider se trouve dans la rue en face ? Inscrivez-vous sur
une plateforme web pour découvrir les « pépites »
cachées de votre voisinage ! Onze ans après la création de
Peuplade en 2003 (un réseau que j'ai personnellement pratiqué avec
des bonnes surprises, et qui annonce une version enrichie pour
2015...), le paysage a changé. La crise s'est installée, les
smartphones et les services collaboratifs se sont multiplié :
covoiturage, AMAP, etc. Les médias se sont emparés de cette veine
d' «innovation positive » tandis qu'un think tank,
OuiShare dédié à la nouvelle économie collaborative s'est créé.
Le moment idéal pour David Rouxel ? Avec l'aide d'une équipe
bretonne, cet entrepreneur trentenaire, expert en digital, a décidé
de reprendre l'idée, à sa sauce. Lancée en
février 2014, la plateforme Monptitvoisinage affichait fin 2014 plus
de 3400 réseaux locaux créés et 10.000 inscrits, de Dinan à Paris en passant par Villeurbanne. Elle est aussi la première start-up de
la « French Tech » bretonne à avoir décroché une
bourse French Tech
de BpiFrance.
Trois promesses :
pratique, solidaire, générateur d'économie et de gains de temps
« L'objectif
de notre plateforme est de répondre à un vrai besoin. On utilise
les réseaux sociaux et on agrège des services axés sur le partage,
l'entraide et la collaboration économique », explique
David Rouxel, qui mêle le vocabulaire des start-up avec les termes
collaboratifs. De fait, cet entrepreneur dynamique, ancien chef de projet chez Bouygues
Telecom, et l'un des premiers ambassadeurs de
BlablaCar (voir son interview publié ici prochainement), veut réunir
le meilleur des deux mondes : réseaux sociaux + économie
collaborative. Concrètement, son site est un réseau social où l'on
peut échanger avec ses voisins et accéder à des services. La
preuve par l'exemple.
Promenade sur
Mon P'ti Voisinage
Je
crée mon compte avec une double adresse (email et postale) et sans
clic de confirmation j'obtiens un accès visiteur limité à 48h.
Pour conserver cet accès, il faudra faire vérifier mon adresse
physique, soit en géolocalisant ma connexion internet, soit en
renvoyant une carte postale codée, que j'aurai préalablement reçue
par la poste, ou par cooptation. C'est un gage de confiance. En
attendant, il est déjà possible de découvrir ses voisins. Ils sont
huit, depuis juin, dans mon quartier parisien, auxquels s'ajoutent 28
personnes de voisinage, c'est-à-dire un peu plus éloignées. Je
peux déjà leur
envoyer un message.
Je découvre
aussi six groupes d'intérêt créés
par ces voisins : garde chat, cours de guitare (qu'on imagine
payants), rencontres, cuisine, cinéma à gogo, « stopmonop ».
Jusque là, rien de nouveau sous le soleil de Peuplade.
Une des premières
originalités de la plateforme est de proposer une section
« Consommer local ».
Trois catégories, pour
l'instant, sont proposées : Amap, Ruche qui dit oui, Producteur
local. Zéro producteur local dans mon quartier ? Tiens, il
faudrait inscrire « La petite Cagette » , cette belle épicerie spécialisée en produits Ile-de-France, qui
a ouvert en 2014 rue Popincourt, pas très loin de chez moi.
Le
service propose aussi un agenda, dans lequel figure l'arrivée des
nouveaux inscrits. Cette
section me suggère
d'organiser un « vide garage », sorte de vide grenier
chez soi, tout à fait légal. Mais la vraie nouveauté, me
semble-t-il, est dans les services plus.
Agrégateur de
services de partage
Autopartage,
« cocourse », covoiturage quotidien, financement
participatif, ils sont au cœur du projet d'agrégation de
services : Derrière chacun, un
partenaire unique assure le service : Ulule, Deways, Cocource,
wedrive. Mais à terme, l'idée est de regrouper la plupart de ces
plateformes spécialisées, pour permettre par exemple à
l'utilisateur d'accéder à tous les partageurs de voiture de son
quartier, et pas seulement à ceux de Deways : une idée utile,
si cela me permet d'identifier les meilleurs « partageurs »
de voiture sans avoir à m'inscrire au préalable sur chaque
plateforme...
Au vu de cette première visite, la plateforme est assez agréable et réussie, surtout
si on prend en compte qu'elle a été créée sans financement
externe. Et quels sont les services qui marchent le mieux ?
Réponse de David Rouxel : tout ce qui touche au transport d'une
part et aux achats groupés, en cette fin d'année (j'ai fait
l'interview en décembre...), mais aussi les alertes entre
voisins : j'ai perdu mon chat, ou on m'a raflé mes
décorations de Noël, par exemple. Une des clefs est bien sûr la
confiance, que seule la rencontre physique permettra de consolider...
Anecdotique, ces services ? L'avenir le dira.
Modèle économique
: agrégateur de services
« Le modèle
sera celui de l'affiliation : nous prendrons une légère
commission, sur l'utilisation ou sur l'inscription des services »,
explique David Rouxel. La plateforme restera gratuite, de même que
les services de base, mais elle prélèvera une commission à
BlaBlaCar ou à la Ruche qui dit Oui. Telle est l'ambition.
2015 sera une année
cruciale puisque l'entreprise devra lever des fonds et développer
ses partenariats. De nombreuses pistes sont à l'étude, comme des
partenariats avec des bailleurs sociaux et des services construits
avec et pour les collectivités
locales. Déjà, des maisons de quartier utilisent le réseau, en
tant qu'utilisateur « ambassadeur ». Au niveau de mon quartier, j'attends de recevoir la carte postale.
Quelques
localités où le réseau est actif (à décembre 2014) :
Dinan
& Quévert – Saint-Malo - Villeurbanne (Lyon) –
Versailles – Blois – Saint-Brieuc – Rennes – Caen - Rouen
Prospectus proposé aux utilisateurs