Lézard blanc mort, au bord du rio Madre de Dios.
Photo Geoff Galice ccommons.
Conférence climat : Le Pérou schizophrène ?
Les conférences onusiennes sur le
climat reprennent, avec la COP 20 (=conférence des parties) qui se
tiendra en fin d'année au Pérou et la COP 21 qui aura lieu en
décembre 2015 à Paris. L'objectif est de signer un accord
international contraignant pour limiter les émissions de CO2, accord
qui entrerait en vigueur à partir de 2020. C'est l'ambition affichée
de la diplomatie française et Laurent Fabius : faciliter un tel accord, 6 ans
après l'échec de la conférence climat à Copenhague. De même au
Pérou, le président Humala espère faciliter un pré-accord lors de
la COP 20 de décembre 2014.
Pour les ONG françaises, la France
doit mettre en cohérence cette ambition avec sa politique intérieure
sur l'énergie et sur le climat : notamment en ayant voté avant
2015, la fameuse loi sur la transition énergétique. Mais aussi, en
décidant de mesures inédites, sur le front du climat et de
l'économie. Sans cela, le gouvernement ne serait pas légitime pour demander un accord climat mondial, et donc des efforts aux pays du
Sud.
Au Pérou, même ambiance : le
gouvernement espère sortir de la COP20 auréolé d'un « pré-accord »
et il veut aussi profiter de la COP pour apparaître aux yeux du
monde, et des investisseurs, comme un pays vertueux sur le front du
climat. Là, il y a un hic.
Le 3 juillet, le congrès péruvien a
voté un paquet de mesures pour la relance de l'économie, le
« paquete de medidas para la reactivación de la economía »,
qui nivèle par le bas plusieurs dispositions de protection de
l'environnement.
L'objectif affiché du plan est de
relancer l'investissement étranger, pour renouer avec une croissance
à la chinoise : le PIB péruvien a augmenté de 5,8% en 2013
(excusez du peu), contre 8,82% en 2010.
Pays à très forte intensité minière,
le Pérou s'apprête à réduire les amendes pour atteintes à
l'environnement que pourraient payer les entreprises : les
montants seront plafonnées à 50% des montants actuels.
Deuxième mesure contestée par les
organisations environnementales : le délai d'instruction des
études d'impact environnemental par les services de l'état. Ces
études, qui sont un préalable à l'autorisation de tout projet industriel, sont
cruciales. Le gouvernement voulait baisser ce délai à un mois, ce
qui semble bien peu. Après passage au congrès, cela sera finalement
45 jours. Est-ce suffisant ? Quiconque a déjà eu entre les
mains un dossier d'impact environnemental en doutera fortement.
D'après l' Environmental InvestigationAgency (EIA), basée à Washington, ces mesures interviennent alors
que le Pérou s'apprête à lancer des appels d'offre pour des
concessions de gaz et de pétrole en Amazonie. Des projets forestiers
aussi seraient dans les cartons. Pourvu que cela ne soit pas du
palmier à huile...
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