mercredi 30 octobre 2013

Biodiversité et forêt : valorisation

Ce qui n'a pas de prix n'a pas de valeur. Mais faut-il donner une valeur monétaire à la qualité de l'air ou de l'eau, aux services spirituels qu'offrent les forêts ? Du 21 au 22 novembre 2013, à Edimbourg, le World Forum on Natural Capital, première édition, va rassembler entreprises, chercheurs, scientifiques, autour de cette épineuse question.




La logique semble inexorable. Le monde du business, mais aussi des ONG et des scientifiques, fort du postulat que "ce qui n'a pas de prix n'a pas de valeur", va pousser à la valorisation des services écosystémiques. Ceux-ci sont légion, comme le montre cette infographie sur les forêts, publiée par le World Forum on natural capital.

Et après ? En terme de logique et d'état d'esprit, ce mouvement renforce la marchandisation du monde, c'est évident. Va-t-on finir par monétiser le service que notre pancréas fournit au métabolisme d'un être humain ? Il en découlera un marché du pancréas, lucratif pour.... certains courtiers d'organes ? Juste une analogie, à digérer.

Concernant la biodiversité, le risque était souligné, lors d'un colloque organisé par l'association Orée le 22 octobre, par Jacques Weber. Pour ce grand économiste iconoclaste, spécialiste de la biodiversité, attention, "boujour les dégats!". Weber discute en toute liberté avec les entreprises, mais il leur fait une mise en garde. Son point de départ étant le chantier qui débute à l'IPBES pour évaluer les services écosystémiques.

L'IPBES ? C'est la "Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques", qui a été mise en place en 2012.

Voilà ce que dit Jacques Weber : "l'IPBES veut faire des évaluations (des services rendus par les écosystèmes), calqués sur ce que fait le GIEC. Si le climat peut être modélisé sur 5 ou 6 variables, pour la biodiversité, ce n'est pas possible. Ce sera donc un échec, et que va faire l'IPBES ? Se tourner vers des économistes, qui vont dire : pas de problème, on va côter tout ça, mettre en bourse. Bonjour les dégats, car on retombera sur un marché sans règle".

(j'ai reformulé légèrement les propos du grand Jacques, mais le sens y est).

Faut-il alors un marché encadré ? Ou un encadrement sans marché ? Le marché encadré, c'était Kyoto et les crédits carbone, ça a fait long feu. L'encadrement sans marché, c'est l'option nationale : le Brésil fixe un objectif de non déforestation et crée une police pour faire respecter la règle. Ca marche un peu, quand le pays n'est pas trop corrompu. Bonne nouvelle, le Cambodge ou la RD Congo luttent à fond contre la corruption J


Sur les liens entre biodiversité et entreprises, on pourra lire ce nouveau livre édité par Orée  :
"La gestion de la biodiversité par les acteurs : de la prise de conscience à l'action"






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