La visite de
François Hollande aux Philippines manifeste le nouveau combat du
président français pour faire avancer la lutte contre le changement
climatique. Les organisateurs avaient mis le
paquet, en embarquant des poids lourds du gouvernement
(Royal, Fabius) et en soignant la partie médiatique, via la présence de deux actrices de renom (Marion Cotillard et Mélanie Laurent) dans la délégation française, et de Nicolas Hulot. Tout ça pour quoi ? Sur le front du futur
accord climat, la visite n'a permis aucune avancée, mais il est vrai que ce n'était pas
l'objectif. Par contre en termes diplomatiques, c'est un relatif succès.
Un « Appel
de Manille » a donc été élaboré par les deux pays, avant d`être lu par Marion Cotillard, à l'intention de la planète bienveillante et mobilisée (hum). Les deux pays appellent les autres états et parties prenantes à s'engager sur un accord climatique d'ici décembre 2015 à Paris. Le texte est touchant,
symbolique, universel, un peu vague. Il est critiqué en détails
par Attac sur son blog Mediapart.
La visite peut toutefois être vue comme un relatif succès diplomatique : tout d'abord, elle
a permis à la diplomatie française de renouer des liens avec ce
pays d'Asie du Sud Est, et de pousser ses entreprises pour des
contrats futurs : c'est la diplomatie de la « croissance verte ». Le voyage manifeste aussi une forme de coopération de bonne augure avec l'ONU, puisque la responsable de la convention Climat, Christiana Figueres,
était du voyage.
Reprises
positives dans les médias étrangers
Autre bon point pour l `Elysée,, les médias
étrangers ont assez largement commenté le voyage, en des termes plutôt positifs. Est-ce dû à la
présence des actrices françaises ? Pour le South China Morning Post, « l'appel
(de Manille) a offert un signe d'unité qui, d'après les deux pays,
pourrait servir de modèle pour les nations riches et pauvres, dont
les divisions ont causé l'échec de la conférence de Copenhague en
2009 ».
Pour le Guardian anglais, « le gouvernement
Aquino a chaleureusement accueilli le voyage de François Hollande,
le premier d'un dirigeant français depuis
que les deux pays ont établi des relations diplomatiques, en 1947 » (1947 ? Cela semble ahurissant).
Fox News, un
média américain longtemps pointé du doigt pour son discours
climato-sceptique, a commenté la visite, sans parti-pris excessif. Fox News a choisi de souligner le volet financier du projet d'accord COP 21 : « Hollande
met en garde contre le manque de financement pour un accord
climatique ». Plusieurs médias ont aussi souligné la présence des entreprises françaises dans la délégation.
Parmi les
entreprises qui ont fait le voyage figuraient Suez, Alstom, Sanofi
et la RATP, qui a remporté en octobre un important contrat pour
moderniser le métro de Manille. Y a-t-il eu des contrats de signés lors du voyage ?
Je n'ai rien vu d'annoncé, pour l'instant. Mais Manille a notamment des grands projets de modernisation de son secteur ferroviaire, qui ne devraient pas laisser insensible Alstom.
Il y a eu une annonce de financement pendant le voyage, mais elle concerne une ONG et c'est la France qui paie : 1,5 million d’euros ont été débloqués à Acted (selon le Monde).
1,5 millions
d'euros pour ACTED
Acted, une grosse
ONG française d'aide humanitaire et de développement, est intervenue aux
Philippines dès 2013, à la suite du typhon de Haiyan. Elle a fourni de l'aide d'urgence
(distribution de riz, de kits de purification de l’eau et de kits pour la
construction de latrines d’urgence, couvertures, Shelterbox ). Elle a aussi développé des actions « travail contre paiement »,
par exemple de déblaiement des routes. C'est ce qu'elle explique sur son site.
Deux ans plus tard,
l'ONG affirme avoir fourni une aide à 380.000 personnes dans le pays. Désormais, elle propose des services de microcrédit et d'aide à
la reconstruction durable.
Adaption :
reconstruire des habitats durables
Une
des actions d'Acted, sur le volet de l'habitat, est d'aider à la
reconstruction durable.
Voici comment l'ONG procède. Je cite la rubrique développement économique de son site web :
Voici comment l'ONG procède. Je cite la rubrique développement économique de son site web :
« ACTED
participe à la reconstruction d’abris individuels en collaboration
avec les bénéficiaires auxquels des « kits » sont distribués.
Ces kits comprennent généralement des poutres pour le toit en bois
ou en métal, des éléments de toitures, les outils nécessaires
pour construire les fondations, les encadrements et fenêtres et,
selon les us, des vitres pour les fenêtres. La distribution des kits
est accompagnée de recommandations et conseils pour en faire le
meilleur usage.
Ces abris tiennent
toujours compte des architectures et matériaux traditionnellement
utilisés dans la zone, et dans les régions exposées aux risques
sismiques, ACTED y adjoint des éléments techniques plus modernes de
résistance aux secousses. Le retour à des conditions de vie normale
est inconcevable si les populations affectées ne disposent pas d’un
toit. »
D'un toit durable, plutôt qu'une tente. C'est à cela qu'une partie du financement français annoncé devrait logiquement servir.
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