samedi 28 février 2015

Hollande aux Philippines : Diplomatie de la croissance verte


 
La visite de François Hollande aux Philippines manifeste le nouveau combat du président français pour faire avancer la lutte contre le changement climatique. Les organisateurs avaient mis le paquet, en embarquant des poids lourds du gouvernement (Royal, Fabius) et en soignant la partie médiatique, via la présence de deux actrices de renom (Marion Cotillard et Mélanie Laurent) dans la délégation française, et de Nicolas Hulot. Tout ça pour quoi ? Sur le front du futur accord climat, la visite n'a permis aucune avancée, mais il est vrai que ce n'était pas l'objectif. Par contre en termes diplomatiques, c'est un relatif succès.

Un « Appel de Manille » a donc été élaboré par les deux pays, avant d`être lu par Marion Cotillard, à l'intention de la planète bienveillante et mobilisée (hum). Les deux pays appellent les autres états et parties prenantes à s'engager sur un accord climatique d'ici décembre 2015 à Paris. Le texte est touchant, symbolique, universel, un peu vague. Il est critiqué en détails par Attac sur son blog Mediapart.

La visite peut toutefois être vue comme un relatif succès diplomatique : tout d'abord, elle a permis à la diplomatie française de renouer des liens avec ce pays d'Asie du Sud Est, et de pousser ses entreprises pour des contrats futurs : c'est la diplomatie de la « croissance verte ». Le voyage manifeste aussi une forme de coopération de bonne augure avec l'ONU, puisque la responsable de la convention Climat, Christiana Figueres, était du voyage.




Reprises positives dans les médias étrangers
Autre bon point pour l `Elysée,, les médias étrangers ont assez largement commenté le voyage, en des termes plutôt positifs. Est-ce dû à la présence des actrices françaises ? Pour le South China Morning Post, « l'appel (de Manille) a offert un signe d'unité qui, d'après les deux pays, pourrait servir de modèle pour les nations riches et pauvres, dont les divisions ont causé l'échec de la conférence de Copenhague en 2009 ». 

Pour le Guardian anglais, « le gouvernement Aquino a chaleureusement accueilli le voyage de François Hollande, le premier d'un dirigeant français depuis que les deux pays ont établi des relations diplomatiques, en 1947 » (1947 ? Cela semble ahurissant).

Fox News, un média américain longtemps pointé du doigt pour son discours climato-sceptique, a commenté la visite, sans parti-pris excessif. Fox News a choisi de souligner le volet financier du projet d'accord COP 21 : « Hollande met en garde contre le manque de financement pour un accord climatique ». Plusieurs médias ont aussi souligné la présence des entreprises françaises dans la délégation.

Parmi les entreprises qui ont fait le voyage figuraient Suez, Alstom, Sanofi et la RATP, qui a remporté en octobre un important contrat pour moderniser le métro de Manille. Y a-t-il eu des contrats de signés lors du voyage ? Je n'ai rien vu d'annoncé, pour l'instant.  Mais Manille a notamment des grands projets de modernisation de son secteur ferroviaire, qui ne devraient pas laisser insensible Alstom.

Il y a eu une annonce de financement pendant le voyage, mais elle concerne une ONG et c'est la France qui paie : 1,5 million d’euros ont été débloqués à Acted (selon le Monde).

1,5 millions d'euros pour ACTED
Acted, une grosse ONG française d'aide humanitaire et de développement, est intervenue aux Philippines dès 2013, à la suite du typhon de Haiyan. Elle a fourni de l'aide d'urgence (distribution de riz, de kits de purification de l’eau et de kits pour la construction de latrines d’urgence, couvertures, Shelterbox ). Elle a aussi développé des actions « travail contre paiement », par exemple de déblaiement des routes. C'est ce qu'elle explique sur son site.

Deux ans plus tard, l'ONG affirme avoir fourni une aide à 380.000 personnes dans le pays. Désormais, elle propose des services de microcrédit et d'aide à la reconstruction durable. 



Adaption : reconstruire des habitats durables
Une des actions d'Acted, sur le volet de l'habitat, est d'aider à la reconstruction durable.
Voici comment l'ONG procède. Je cite la rubrique développement économique de son site web :

« ACTED participe à la reconstruction d’abris individuels en collaboration avec les bénéficiaires auxquels des « kits » sont distribués. Ces kits comprennent généralement des poutres pour le toit en bois ou en métal, des éléments de toitures, les outils nécessaires pour construire les fondations, les encadrements et fenêtres et, selon les us, des vitres pour les fenêtres. La distribution des kits est accompagnée de recommandations et conseils pour en faire le meilleur usage.

Ces abris tiennent toujours compte des architectures et matériaux traditionnellement utilisés dans la zone, et dans les régions exposées aux risques sismiques, ACTED y adjoint des éléments techniques plus modernes de résistance aux secousses. Le retour à des conditions de vie normale est inconcevable si les populations affectées ne disposent pas d’un toit. »

D'un toit durable, plutôt qu'une tente. C'est à cela qu'une partie du financement français annoncé devrait logiquement servir.


Crédit photos : C. Alix, présidence de la République




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