jeudi 5 mai 2016

Engie : carton rouge RSE



"Carton rouge pour Engie, l’ex-GDF Suez. Suspecté de mener une guerre des prix dévastatrice et de vendre à perte une partie de son gaz, le numéro un français du secteur se voit sévèrement rappelé à l’ordre. Dans une décision rendue en urgence lundi 2 mai, l’Autorité de la concurrence somme le groupe détenu en partie par l’Etat de mettre fin à ces pratiques." Peut-on lire dans le Monde du 2 mai 2016.

Depuis 2014, Engie, nouveau nom de GDF Suez et héritier de l'ex monopole public gazier français, aurait vendu à perte, sur le marché de la fourniture du gaz aux entreprises. C'est ce qu'a identifié L'autorité de la concurrence, après l'étude d'une cinquantaine de gros appels d'offre.

Extrait du communiqué de presse de la dite Autorité
"l'Autorité de la concurrence a considéré, au vu des éléments du dossier connus à ce stade, qu'Engie avait fixé les prix de ses  offres de marché individualisées, c'est-à-dire hors catalogue, réservées aux entreprises, sans tenir compte de ses coûts réels, au risque de mettre en place des prix prédateurs ou d'éviction. En conséquence, et dans l'attente de sa décision au fond, l'Autorité a imposé en urgence à Engie de respecter différentes mesures afin que les prix de ces offres reflètent mieux la réalité de ses coûts."

Décryptage RSE : la vente à perte contredit une des questions centrales de la norme ISO 26000 : la loyauté des pratiques  (question numéro 5). L'un des axes d'application de la loyauté des pratiques est précisément la concurrence loyale, nous dit (nous rappelle) le cadre de référence ISO 26000. Cette concurrence loyale impose de ne pas vendre à perte.

Hélas. Dans le cas d'un acteur qui a une position dominante sur un marché, quand ce marché s'ouvre à la concurrence, comme c'est le cas pour la fourniture de gaz aux entreprises, la vente à perte est évidemment la tentation commerciale la plus brûlante : c'est la politique de "pricing" la plus efficace... L'arme fatale pour conserver des clients, évincer des concurrents, rafler des gros marchés !

C'est une différenciation par les prix, mais excessive car déloyale : Seul un acteur assez solide peut se le permettre, grâce à ses profits réalisés sur d'autres segments de clientèle, par exemple (ou par l'endettement).

Dans le cas d'une politique RSE exigeante et d'un industriel leader sur son marché, on peut donc s'attendre à ce que la vente à perte soit un élément placé "tout en haut de la pile" : un enjeu clé de la RSE. 

Et tant pis cela devient un point de tension particulièrement chaud entre les objectifs RSE et les objectifs commerciaux, entre les équipes commerciales (et financières) et les équipes de la RSE et de l'éthique.

Dans le cas d'Engie, il semble bien que la RSE ait perdu face aux impératifs commerciaux .... 

Il serait intéressant de savoir à quelle niveau de management cette politique commerciale aurait été décidée. Les forces vives de la RSE Engie et/ou son comité d'éthique avaient-elles rappelé au board l'entrave aux principes ISO 26 000 et le risque qu'une vente à perte représente ?





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