mercredi 28 octobre 2015

Affichage environnemental : parent pauvre de l'économie circulaire

Sur l'axe « consommation responsable » de l'économie circulaire, l'information aux consommateurs figure en bonne place, selon l'Ademe. La France était bien partie avec une expérimentation volontaire d'affichage environnemental, menée en 2011/2012. Trois ans plus tard, les étiquettes ont été rangées dans les cartons et c'est à Bruxelles que se peaufine un cadre commun pour les entreprises. Bien que ce chantier soit déjà largement engagé, l'étiquetage environnemental est quasiment absent des débats sur l'économie circulaire.

Elles étaient 168, entreprises « pionnières » à avoir dit oui en 2011/2012 à la proposition, issue du Grenelle de l'environnement, consistant à tester des étiquettes d'information environnementalle.

Aidées par diverses sociétés de conseil, ces entreprises ont utilisé des Analyses de cycle de vie multicritères (eau, énergie, et pas seulement CO2), pour définir les informations à présenter aux consommateurs, en ligne (sur le web) ou sur les étiquettes. Informations certainement très utiles pour orienter les choix du consommateur suivant des critères de performance (« impact ») environnementale.

Par la suite, un bilan de l'expérimentation a été publié par le parlement, en septembre 2013. Il estime que « L’affichage environnemental est une démarche prometteuse ». Par la suite, les étiquettes comme celle-ci ont disparu :


étiquetage Weleda pour un produit cosmétique



Etiquetage Decathlon pour un sac à dos



En 2015, l'Ademe affirme avec force que l'information des consommateurs sur les impacts environnementaux des produits est un des piliers de l'axe « consommer durable », au sein du modèle « économie circulaire ».

Des outils sont désormais disponibles pour guider les entreprises : l'Afnor, après de laborieux groupes de travail en partie issus de l'expérimentation, a par exemple établi des recommandations sectorielles pour aider les entreprises souhaitant introduire des étiquettes d'impact environnemental.



Pourtant, les entreprises ne se bousculent pas pour informer les consommateurs. Et le volet « affichage environnemental » n'a pas la cote, dans le storytelling de l'économie circulaire. L'avez-vous entendu lors d'une des récentes conférences sur le sujet ? Si peu.

Depuis 2013, un travail au niveau européen pour harmoniser ce types d'informations est en cours. Le chantier bruxellois, parfois appelé « product environmental footprint », devrait se terminer en 2016. 

Ce projet sur 3 ans (il se conclue en 2016) est-il l'excuse en or pour ne pas s'engager sur le terrain glissant de l'affichage environnemental ? Ou bien permettra-t-il de relancer un chantier indispensable à la crédibilité de la "responsabilité sociale des entreprises" (RSE) ? 

L'affichage environnemental se fera, sans aucun doute, sur une base volontaire et non sur une obligation légale.

Le sujet sera présent dans le cours « Economie circulaire » que je prépare pour les étudiants du Master 2 Responsabilité sociétaleet environnementale des entreprises de l'Université Versailles-Saint-Quentin en Yvelines.


A noter que les 3 et 4 novembre 2015, un point d'étape sur le projet européen aura lieu à Bruxelles, sous la houlette de Karmenu Vella, commissaire européen en charge de l'environnement. Titre de ces deux journées ? "mid-term Environmental Footprint conference".





mercredi 17 juin 2015

L'économie circulaire entre dans le Larousse



L'économie circulaire est donc entrée dans le Larousse 2016 : ""un système économique fondé sur la frugalité, la limitation de la consommation, le recyclage des matériaux ou des services".

Aujourd'hui viennent de se terminer les 2èmes assises nationales sur l'économie circulaire.

Depuis que le terme "économie circulaire" a commencé de se populariser, en 2010, il est sans arrêt répété que ce nouveau paradigme ne doit pas se limiter au recyclage.

L'Ademe, par exemple, insiste sur l'éco-conception.

L'éco-conception, qui consiste à imaginer et anticiper la fin de vie des produits dès la phase de conception d'un produit.... on en est encore très loin. Le meilleur exemple est l'aviation : 50% des avions modernes sont désormais en matière composite. Or les composites carbone ont été créé, et continuent de l'être, sans l'optimisation de la fin de vie. Ils finissent à la décharge à 100%, en 2015.

La définition du Larousse sort elle aussi du cercle ô combien nécessaire, mais limité, du recyclage. Le Larousse met en bonne place les termes de "frugalité et limitation de la consommation".

Limitation de la consommation .... tiens donc.

Frugalité ? hmm. Jugaad
 
Si l'on se focalise sur ces deux termes, il est évident que la société globalisée est à des années lumières de l'économie circulaire.

De deux choses l'une : soit dans quelques années, l'économie circulaire finira au rayon des concepts sexy devenus ringards. Ce sera le cas si elle est (trop) récupérée et brandie à tout va, par des entreprises qui n'ont de frugal que le salaire versé aux manutentionnaires...

Soit l'économie circulaire restera dans la durée comme un inaccessible horizon crédible : une des rares utopies nouvelles véhiculant un peu d'espoir économique et environnemental.

Dans les deux cas il sera utile de préciser si la frugalité est une forme de décroissance intelligente. Si c'est un concept judéo-chrétien, touareg, ou une éthique laïque post-moderne. Ou un peu de tout cela mélangé ?

La définition du Larousse est révolutionnaire.


 Source du schéma : Ademe

vendredi 15 mai 2015

Le travail, parent pauvre de la COP21

Mettre en avant des "solutions" et pas uniquement rechercher un accord international sur le climat : c'est la volonté du gouvernement français et de beaucoup d'acteurs privés et publics, dans le contexte de la conférence climat Paris COP21. Un des principaux outils est le "Hub des solutions", qui servira de socle à une exposition au Grand Palais. Parmi les quelques 200 solutions inscrites, celles qui mettent comme thème prioritaire "le travail" sont ultra-marginales. Cherchez l'erreur ?



Le hub des solutions climat
Formidable. Sur le site web plateformesolutionsclimat.org des solutions épatantes sont présentées par des entreprises et des associations : réparties sur 12 catégories (énergie, se loger, s'alimenter, travailler...), elles permettent de diminuer les émissions de CO2, et/ou de mieux recycler, d'affronter le changement climatique ... Epatant, franchement, vous devriez aller y faire un tour. Cela permettra de contrecarrer ces quelques pigeons de mauvaise basse cour qui s'enfoncent dans la sinistrôse.

Une chose interpelle :  l'écrasante majorité des proposeurs de solutions (il suffit de s'inscrire et de payer une modique somme pour enregistrer une solution, c'est même gratuit pour les ONG) ont ciblé les catégories Energie (105 solutions), le recyclage (38), le logement (37) ...

Se divertir ? 7 solutions.

Travailler ? 6 solutions, c'est la catégorie la plus vide.

Oui, bien sûr, installer des éoliennes, des panneaux solaires, des centrales thermiques des mers, isoler les logements, cela créé des emplois. La croissance verte crée des emplois et le travail est transversal.

Transversal, mais rare.

Est-ce que la place du travail dans les solution climat pose problème ?

Est-ce que les solutions au problème climatique ne devraient pas embarquer une réflexion de fond sur le travail ?

Il existe un point d'entrée parmi d'autres pour réfléchir : c'est le fait qu''une partie des "jobs" de la croissance verte sont des emplois à faible qualification qui sont portés par des structures...  formidables et subversives, les entreprises d'insertion de l'économie sociale et solidaire. C'est le cas par exemple dans le recyclage, voir pour l'isolation des bâtiments.

L'autre partie des emplois est géniale, mais chiche : ingénieurs, bureaux d'études, quelques postes en maintenance.

Les Entreprises d'insertion embarquent des contrats qui ne sont ni CDI ni CDD, mais CDDI ainsi que des chargés d'insertion. Qui est au courant ?

Une lecture simpliste, ou intuitive, de la réalité de ces chiffres (6 solutions sur le travail, 105 pour l'énergie) serait la suivante : la croissance verte ne crée pas assez d'emplois. D'où l'urgence d'inclure dans la réflexion un nouveau partage du travail... ou à défaut, un revenu d'existence.

Et si on ne fait rien ? Bienvenue à Gettaca. Verte, Gettaca.





vendredi 17 avril 2015

Holacratie, futur de la RSE ?

Après agilité, résilience, économie circulaire et bien sûr écosystème, l'holacratie voudrait être un des futurs "buzzwords" de l'organisation (innovante) des entreprises. La Responsabilité sociale des entreprises (RSE) pourrait y trouver son compte. Sauf que le concept, qu'on pourrait (abusivement?) résumer par une organisation décentralisée et participative, semble .... légèrement verrouillé par iGi Partners.


Coopérative libérée : Scarabée Biocoop passe en Holacratie

C'est le beau titre du communiqué que nous a envoyé l'agence de communication Emmapom d'Emmanuelle Pometan.

"Scarabée Biocoop est l’une des plus grandes coopératives du réseau Biocoop, située à Rennes. Et ca y est, depuis cette année, la coopérative fait partie des entreprises libérées avec son passage à l’Holacratie : 1 constitution, 1 raison d’être, 13 cercles, et la liberté retrouvée.

iGi Partners a été missionné par Scarabée Biocoop Rennes pour mettre en place l’Holacratie sur l’ensemble de leur organisation, soit 130 personnes pour quatre magasins (bientôt cinq), 3 restaurants, 1 service traiteur, 1 laboratoire. Un accompagnement sur mesure pour rendre opérationnelle cette gouvernance en cercle qui redistribue l’autorité et rend l’organisation agile et performante".

Conférence PowerShift by Holacratie - Serious Game ? 8 juin 2015


Cette mise en place (à Biocoop) est l'occasion d'une conférence par iGi Partners qui dévoilera l'Holacratie. Selon son site web cette entreprise "importe l’Holacracy des États-Unis pour une diffusion en France et en Europe (français et anglais). Elle est une des 3 sociétés au monde à pouvoir délivrer des services en Holacracy".


Voici la présentation de la conférence :

"Le XXIe siècle amène la remise en cause de l’organisation pyramidale et des managers. Exit le Taylorisme, place à l’innovation pour que les organisations retrouvent agilité et performance.
Dans un tel contexte, l’Holacratie suscite curiosité et questionnement : une organisation peut-elle réellement fonctionner sans chef ? L’Holacratie supprime-t-elle toute forme de hiérarchie ? L’ossature en cercle est-elle compatible avec les grandes structures ? Les salariés trouvent-ils leur compte en ayant plusieurs rôles versus une fiche de poste ? Est-ce une invention américaine qui convient à la culture française ? Et d’ailleurs Holacratie, comment cela s’écrit-il, quelle racine ? En résumé, est-ce un « Serious Game » ?
Il est temps d’ouvrir le débat, d’écouter ceux qui font, testent, et appliquent déjà au cœur de leur structure cette gouvernance. iGi Partners vous invite à venir échanger sur l’Holacratie, cette technologie sociale qui n’a pas fini de faire parler d’elle."

Parmi les entreprises qui ont déjà goûté à l'holacratie et qui interviendront le 8 juin :

Danone

Kingfisher

Biocoop

Zappos.

"Technologie sociale", vous ne trouvez-pas que cela en jette ?  Hola !


 

lundi 30 mars 2015

Une agence fédérale américaine propose de réglementer les nanoparticules


Le 25 mars, l'Agence américaine de l'environnement EPA (Environmental Protection Agency) a publié une proposition de réglementation sur les nanoparticules, qui s'inspire de la réglementation française. Et qui surprend. Au pays roi de la réglementation « ultra light », ce serait une première.

Photo : visualisation de nanomatériaux au microscope


L'EPA propose le reporting et l'obligation d'enregistrement pour certaines substances chimiques quand elle sont fabriquées à l'échelle nanométrique.

Voici un extrait du résumé publié par l'EPA :

Ajout du 10 avril : la page de l'EPA (le lien que j'ai mis initialement) a été modifiée, depuis que le préprojet ("prepublication") de réglementation a été transformé. Voir l'actualisation de l'EPA, commentée par la société de conseil juridique Bergeson & Campbell


"Spécifiquement, l'EPA propose d'obliger les personnes qui fabriquent (y compris qui importent) ou utilisent, ou qui envisagent de produire ou d'utiliser ces substances chimiques, de notifier à l'EPA certaines informations, incluant l'identité chimique spécifique, le volume de production, les méthodes de fabrication, des informations sur les expositions et délivrances, et tout autres données existantes qui concernent les impacts environnementaux et sanitaires.
(…)
Cette information faciliterait l'évaluation par l'EPA de ces matériaux ainsi que l'identification des actions supplémentaires qui seraient nécessaires ».

Cette proposition de loi s'appuie sur la  Toxic Substances Control Act (TSCA) qui autorise l'EPA à demander une telle transparence.

Les nanoparticules visées sont celles qui « sont fabriquées ou synthétisées dans une forme telle que les particules primaires, agrégats ou agglomérés ont une taille entre 1 et 100 nanomètres et présentent des caractéristiques uniques et nouvelles à cause de leur taille ».

L'EPA a soumis cette proposition typiquement française aux commentaires du public américain, pendant une période de 90 jours.




Crédit photo : Université d'Exeter / flickr / creative commons




mardi 24 mars 2015

Animal social saison 1

Flashback. Trois articles les plus lus du blog Animal social, saison 1 (2010/2013)... Et pour faire le lien entre les deux blogs.


Innovation sociale : la définition de l'OCDE


En 2000, l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) a proposé une définition de l’innovation sociale en tant que « réponses nouvelles aux problèmes sociaux, qui améliorent le bien-être individuel et collectif ». Mais il a fallu attendre 2011 pour que l’organisation issue du Plan Marshall fournisse une proposition de définition… du bien-être, via son « Better life index ». Critiquée pour son caractère trop individualiste, cette définition du bien-être fournit des pistes pour les champs d’action de l’innovation sociale.

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxhnzU3pry2TZR4CR5RLiNJuiHx5wTytGaxnrWlVkPICya4xUUZNOoXroFMjyjy2754kN0VFZj0dCfCkHILbfSmvFutvVxSHxyttg8ggY2SWJD4EU84epbYjEqln9v3fjZBTutfY5np7s/s1600/biosphere-2.jpg


Qu'est ce que la biosphère ?





Pratiques publicitaires : le tabou de l’impact social


L’étude "Think me as evil" interpelle les milieux publicitaires, les entreprises anglaises et les journalistes spécialisés, depuis sa parution en octobre. Que nous dit-elle ? Que la publicité a dans sa majorité des impacts sociaux et psychologiques négatifs. Ces impacts devraient davantage être étudiés par les entreprises pour être inclus dans leurs rapports de Responsabilité Sociétale d'entreprise (RSE). Mais attention. « Think me as evil » n’est pas un brulôt d’anti-capitalistes : l'étude est co-réalisée par des professionnels chevronnés de la pub.

mercredi 18 mars 2015

Attali agite la COP21


A propos de la conférence Paris Climat COP21, Jacques Attali vient de mettre les pieds dans le plat. Il publie un post un brin provocateur, sur son blog hébergé par l'Express : "A quoi peut encore servir la COP21 ?".

Plusieurs choses surprennent dans ses propos, au point que son billet semble presque être un HOAX :



1. Il met sur le même niveau les climato-sceptiques et les scientifiques du GIEC. Il y a pourtant un consensus scientifique sur l'influence des émissions de GES sur le changement climatique.

2. Tout à son coming out sur une économie positive, il invite la France à torpiller l'agenda de la COP21, pour placer les "solutions" au coeur de la conférence... C'est irréaliste. Les solutions viennent en complément de la négo. sur le climat, mais pas à la place de.... ce que l'ONU et les autres Etats n'accepteront jamais.

3. Il met en avant, du côté des solutions, la moins consensuelle de toutes, l'énergie nucléaire. Or aucun accord sur le climat ne pourra atteindre un consensus sur le nucléaire. Là aussi, cela semble totalement irréaliste, quel que soit le point de vue (pour ou contre) qu'on ait sur le nucléaire.

Le plus drôle est peut-être son affirmation : «L’altruisme est la meilleure façon de lutter contre les émissions de CO2 ». Certes, c'est tout à fait cohérent avec ses efforts (notamment via son ONG Planet Finance) pour promouvoir une philanthropie à la française, mais là aussi, c'est assez inoui. Ne fut-ce que parce que la solution à un problème complexe est une solution multiple.

Au final, les propos de Jacques Attali font probablement déjà la joie des climato-sceptiques, c'est-à-dire, fondamentalement (et quantitativement), de la droite américaine. Ces derniers voient dans la négation du changement climatique un volet parmi d'autres de leur lutte acharnée contre la taxe et contre la régulation de l’État.

Article modifié en oct. 2015 : j'avais été un brin trop véhément envers Jacques Attali.


Crédit photo : fondation pour l'innovation politique, creative commons, Flick


dimanche 8 mars 2015

Dunkin Donuts dit niet aux nanoparticules


En 2013, une étude identifiait du dioxyde de titane dans le sucre en poudre des célèbres donuts de Dunkin'Brands. Deux ans plus tard, l'entreprise américaine vient d'annoncer qu'elle renonce à utiliser ces nanoparticules comme agent de blanchiment dans ses confiseries. Le résultat d'une pression menée par l'ONG As You Sow.



Oakland, 5 mars 2015. Communiqué d'As You Sow : « Dunkin'Brands, la compagnie mère de la chaîne Dunkin'Donuts, a accepté d'enlever le dioxyde de titane, un agent blanchissant qui est une source répandue de nanoparticules, de tout le sucre en poudre qu'elle utilise pour faire ses confiseries « donuts ». En conséquence de ce progrès, le groupe de pression As You Sow a retiré sa proposition de résolution actionnariale, qui demandait à Dunkin ' d'évaluer et de réduire les risques d'utiliser des nanomatériaux dans ses produits alimentaires ».

Alors qu'en France, l'utilisation de nanoparticules doit faire l'objet d'un enregistrement auprès des autorités, sous certaines conditions, aux Etats-Unis, l'usage de nanoparticules n'est absolument pas réglementé et les entreprises ont donc tout loisir d'ajouter des nanoparticules dans leurs produits, sans devoir informer le consommateur. Pour y voir plus clair, en 2013, l'association As You Sow a réalisé une étude, Slipping Through the Cracks: An Issue Brief on Nanomaterials in Food sur la présence de nanoparticules dans l'agro-alimentaire. Parmi les 2500 entreprises interrogées sur leur utilisation de nanoparticules, 26 ont répondu. 

Dans le cadre de cette étude, As You Sow a aussi commandé des tests auprès de laboratoires indépendants, pour évaluer la présence de nano TiO2 (dioxyde de titane) dans deux types de donuts. 
 « Les tests ont révélé des nanoparticules d'une taille égale ou inférieure à 10 nanomètres. (…) Sans qu'on sache si ces particules ont été ajoutées spécifiquement ou si elles sont un sous-produit de procédés de fabrication ». 

Précisément, le laboratoire a identifié du titane, à des concentrations allant de 19 à 75 parties par million (ppm), après avoir réalisé une série de filtrages sur des échantillons de sucre en poudre. La présence du titane est un indicateur probable de TiO2, puisque, d'après As You Sow, « le dioxyde de titane est la seule forme de titane possible (« allowed ») dans la nourriture ». Quel est le problème ? Le titane, bien qu'il soit considéré comme biocompatible (inoffensif) dans les implants dentaires, pourrait, sous sa forme « minuscule », être beaucoup moins accommodant : des tests de génotoxicité ont par exemple montré des lésions sur l'ADN de cellules humaines, selon le CNAM.

En 2011, dans la foulée d'une étude franco-suisse sur ce nanomatériau, le professeur Jürg Tschopp déclarait au magazine Que Choisir qu' « avec le dioxyde de titane, on se retrouve dans la même situation qu’avec l’amiante il y a 40 ans ». Cette molécule est classée depuis 2006 comme "cancérigène possible" par le Centre international de recherche sur le cancer, une institution qui dépend de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).



C'est à la suite de son étude en 2013, qu'As you Sow avait décidé de faire pression sur le premier fabricant de donuts aux Etats-Unis. Comment ? En mobilisant les actionnaires de l'entreprise, c'est ce qu'on appelle en France l'engagement actionnarial. Ces efforts ont porté leurs fruits, puisque Dunkin Donuts vient d'annoncer, dans un courrier du 25 février 2015 à l'association, avoir « reformulé le sucre en poudre utilisé dans les dunkin' donuts pour ôter le dioxyde de titane ». Les pâtisseries nouvelle version devraient arriver dans les étals prochainement.

En 2013, la France est devenu le premier pays d'Europe à avoir mis en place un dispositif obligatoire de déclaration des substances à l’état nanoparticulaire. Ce dispositif est visible sur le site r-nano.fr Mais pour l'instant il ne permet pas au consommateur lambda de savoir quels sont les produits et les marques qui embarquent des nanoparticules.

Il y a bientôt dix ans que des scientifiques ont demandé une réévaluation du risque du dioxyde de titane sur la santé humaine. Plusieurs études toxicologiques seraient en cours sur le sujet.

Crédit photos : Eric Lewis et Mike Mozart (Flickr, creative commons)



samedi 28 février 2015

Hollande aux Philippines : Diplomatie de la croissance verte


 
La visite de François Hollande aux Philippines manifeste le nouveau combat du président français pour faire avancer la lutte contre le changement climatique. Les organisateurs avaient mis le paquet, en embarquant des poids lourds du gouvernement (Royal, Fabius) et en soignant la partie médiatique, via la présence de deux actrices de renom (Marion Cotillard et Mélanie Laurent) dans la délégation française, et de Nicolas Hulot. Tout ça pour quoi ? Sur le front du futur accord climat, la visite n'a permis aucune avancée, mais il est vrai que ce n'était pas l'objectif. Par contre en termes diplomatiques, c'est un relatif succès.

Un « Appel de Manille » a donc été élaboré par les deux pays, avant d`être lu par Marion Cotillard, à l'intention de la planète bienveillante et mobilisée (hum). Les deux pays appellent les autres états et parties prenantes à s'engager sur un accord climatique d'ici décembre 2015 à Paris. Le texte est touchant, symbolique, universel, un peu vague. Il est critiqué en détails par Attac sur son blog Mediapart.

La visite peut toutefois être vue comme un relatif succès diplomatique : tout d'abord, elle a permis à la diplomatie française de renouer des liens avec ce pays d'Asie du Sud Est, et de pousser ses entreprises pour des contrats futurs : c'est la diplomatie de la « croissance verte ». Le voyage manifeste aussi une forme de coopération de bonne augure avec l'ONU, puisque la responsable de la convention Climat, Christiana Figueres, était du voyage.




Reprises positives dans les médias étrangers
Autre bon point pour l `Elysée,, les médias étrangers ont assez largement commenté le voyage, en des termes plutôt positifs. Est-ce dû à la présence des actrices françaises ? Pour le South China Morning Post, « l'appel (de Manille) a offert un signe d'unité qui, d'après les deux pays, pourrait servir de modèle pour les nations riches et pauvres, dont les divisions ont causé l'échec de la conférence de Copenhague en 2009 ». 

Pour le Guardian anglais, « le gouvernement Aquino a chaleureusement accueilli le voyage de François Hollande, le premier d'un dirigeant français depuis que les deux pays ont établi des relations diplomatiques, en 1947 » (1947 ? Cela semble ahurissant).

Fox News, un média américain longtemps pointé du doigt pour son discours climato-sceptique, a commenté la visite, sans parti-pris excessif. Fox News a choisi de souligner le volet financier du projet d'accord COP 21 : « Hollande met en garde contre le manque de financement pour un accord climatique ». Plusieurs médias ont aussi souligné la présence des entreprises françaises dans la délégation.

Parmi les entreprises qui ont fait le voyage figuraient Suez, Alstom, Sanofi et la RATP, qui a remporté en octobre un important contrat pour moderniser le métro de Manille. Y a-t-il eu des contrats de signés lors du voyage ? Je n'ai rien vu d'annoncé, pour l'instant.  Mais Manille a notamment des grands projets de modernisation de son secteur ferroviaire, qui ne devraient pas laisser insensible Alstom.

Il y a eu une annonce de financement pendant le voyage, mais elle concerne une ONG et c'est la France qui paie : 1,5 million d’euros ont été débloqués à Acted (selon le Monde).

1,5 millions d'euros pour ACTED
Acted, une grosse ONG française d'aide humanitaire et de développement, est intervenue aux Philippines dès 2013, à la suite du typhon de Haiyan. Elle a fourni de l'aide d'urgence (distribution de riz, de kits de purification de l’eau et de kits pour la construction de latrines d’urgence, couvertures, Shelterbox ). Elle a aussi développé des actions « travail contre paiement », par exemple de déblaiement des routes. C'est ce qu'elle explique sur son site.

Deux ans plus tard, l'ONG affirme avoir fourni une aide à 380.000 personnes dans le pays. Désormais, elle propose des services de microcrédit et d'aide à la reconstruction durable. 



Adaption : reconstruire des habitats durables
Une des actions d'Acted, sur le volet de l'habitat, est d'aider à la reconstruction durable.
Voici comment l'ONG procède. Je cite la rubrique développement économique de son site web :

« ACTED participe à la reconstruction d’abris individuels en collaboration avec les bénéficiaires auxquels des « kits » sont distribués. Ces kits comprennent généralement des poutres pour le toit en bois ou en métal, des éléments de toitures, les outils nécessaires pour construire les fondations, les encadrements et fenêtres et, selon les us, des vitres pour les fenêtres. La distribution des kits est accompagnée de recommandations et conseils pour en faire le meilleur usage.

Ces abris tiennent toujours compte des architectures et matériaux traditionnellement utilisés dans la zone, et dans les régions exposées aux risques sismiques, ACTED y adjoint des éléments techniques plus modernes de résistance aux secousses. Le retour à des conditions de vie normale est inconcevable si les populations affectées ne disposent pas d’un toit. »

D'un toit durable, plutôt qu'une tente. C'est à cela qu'une partie du financement français annoncé devrait logiquement servir.


Crédit photos : C. Alix, présidence de la République




vendredi 13 février 2015

Le mot du jour : Mixotrophe

Le mot du jour : Mixotrophes. 

On connaissait les organismes autotrophes, comme les végétaux : ils produisent de la matière organique (du sucre par exemple) à partir de carbone (et d'énergie). 

Les hétérotrophes, comme nous autres animaux, doivent prélever de la matière organique pour grandir. 

Et la mixotrophie ? C'est la capacité à utiliser ces deux modalités. Fermentalg l'utilise pour faire grandir ses microalgues :

" La mixotrophie à dominante hétérotrophe consiste à introduire une composante lumineuse de faible intensité et de courte durée. Comme en hétérotrophie, le substrat organique nourrit les microalgues pour produire de grandes quantités de biomasse mais cette fois le chloroplaste et autres organites capteurs d’énergie lumineuse de la cellule (photo récepteurs) sont activés. Cela a pour effet d’augmenter la productivité de la cellule ainsi que de permettre la synthèse de toutes les molécules pouvant être métabolisées par une microalgue." source site Fermentalg

L'entreprise, qui est une très bonne communicante, a débuté hier (12/2) la construction d'une unité de production de microalgues.

Côtée en bourse, Fermentalg est une jeune pousse, une promesse. D'ailleurs elle n'a pas réalisé 900 millions d'euros de Chiffre d'affaire en 2014, comme l'écrit Capital  mais 900.000.

jeudi 15 janvier 2015

Monptivoisinage.com : réseau social pour voisins

Depuis sa Bretagne natale, le nouveau site web Mon P'ti Voisinage vise large : « devenir l’un des réseaux sociaux les plus utilisés par les Français». Comment ? En regroupant les services de l'économie collaborative (BlablaCar, Deways, La Ruche qui dit oui...), en tant qu'agrégateur.



Mon P'ti Voisinage rebondit sur une idée lumineuse, déjà exploitée par Nathan Stern avec le site Peuplade : l'internet est un outil formidable pour créer du lien social de proximité. Vous ignorez que le partenaire idéal de vos randonnées, l'acheteur potentiel de votre chaîne hi-fi d'occasion ou le bricoleur prêt à vous aider se trouve dans la rue en face ? Inscrivez-vous sur une plateforme web pour découvrir les « pépites » cachées de votre voisinage ! Onze ans après la création de Peuplade en 2003 (un réseau que j'ai personnellement pratiqué avec des bonnes surprises, et qui annonce une version enrichie pour 2015...), le paysage a changé. La crise s'est installée, les smartphones et les services collaboratifs se sont multiplié : covoiturage, AMAP, etc. Les médias se sont emparés de cette veine d' «innovation positive » tandis qu'un think tank, OuiShare dédié à la nouvelle économie collaborative s'est créé. Le moment idéal pour David Rouxel ? Avec l'aide d'une équipe bretonne, cet entrepreneur trentenaire, expert en digital, a décidé de reprendre l'idée, à sa sauce. Lancée en février 2014, la plateforme Monptitvoisinage affichait fin 2014 plus de 3400 réseaux locaux créés et 10.000 inscrits, de Dinan à Paris en passant par Villeurbanne. Elle est aussi la première start-up de la « French Tech » bretonne à avoir décroché une bourse French Tech de BpiFrance.

Trois promesses : pratique, solidaire, générateur d'économie et de gains de temps
« L'objectif de notre plateforme est de répondre à un vrai besoin. On utilise les réseaux sociaux et on agrège des services axés sur le partage, l'entraide et la collaboration économique », explique David Rouxel, qui mêle le vocabulaire des start-up avec les termes collaboratifs. De fait, cet entrepreneur dynamique, ancien chef de projet chez Bouygues Telecom, et l'un des premiers ambassadeurs de BlablaCar (voir son interview publié ici prochainement), veut réunir le meilleur des deux mondes : réseaux sociaux + économie collaborative. Concrètement, son site est un réseau social où l'on peut échanger avec ses voisins et accéder à des services. La preuve par l'exemple.

Promenade sur Mon P'ti Voisinage
Je crée mon compte avec une double adresse (email et postale) et sans clic de confirmation j'obtiens un accès visiteur limité à 48h. Pour conserver cet accès, il faudra faire vérifier mon adresse physique, soit en géolocalisant ma connexion internet, soit en renvoyant une carte postale codée, que j'aurai préalablement reçue par la poste, ou par cooptation. C'est un gage de confiance. En attendant, il est déjà possible de découvrir ses voisins. Ils sont huit, depuis juin, dans mon quartier parisien, auxquels s'ajoutent 28 personnes de voisinage, c'est-à-dire un peu plus éloignées. Je peux déjà leur envoyer un message.

Je découvre aussi six groupes d'intérêt créés par ces voisins : garde chat, cours de guitare (qu'on imagine payants), rencontres, cuisine, cinéma à gogo, « stopmonop ». Jusque là, rien de nouveau sous le soleil de Peuplade.

Une des premières originalités de la plateforme est de proposer une section « Consommer local ». Trois catégories, pour l'instant, sont proposées : Amap, Ruche qui dit oui, Producteur local. Zéro producteur local dans mon quartier ? Tiens, il faudrait inscrire « La petite Cagette » , cette belle épicerie spécialisée en produits Ile-de-France, qui a ouvert en 2014 rue Popincourt, pas très loin de chez moi.

Le service propose aussi un agenda, dans lequel figure l'arrivée des nouveaux inscrits. Cette section me suggère d'organiser un « vide garage », sorte de vide grenier chez soi, tout à fait légal. Mais la vraie nouveauté, me semble-t-il, est dans les services plus.

Agrégateur de services de partage
Autopartage, « cocourse », covoiturage quotidien, financement participatif, ils sont au cœur du projet d'agrégation de services : Derrière chacun, un partenaire unique assure le service : Ulule, Deways, Cocource, wedrive. Mais à terme, l'idée est de regrouper la plupart de ces plateformes spécialisées, pour permettre par exemple à l'utilisateur d'accéder à tous les partageurs de voiture de son quartier, et pas seulement à ceux de Deways : une idée utile, si cela me permet d'identifier les meilleurs « partageurs » de voiture sans avoir à m'inscrire au préalable sur chaque plateforme...

Au vu de cette première visite, la plateforme est assez agréable et réussie, surtout si on prend en compte qu'elle a été créée sans financement externe. Et quels sont les services qui marchent le mieux ? Réponse de David Rouxel : tout ce qui touche au transport d'une part et aux achats groupés, en cette fin d'année (j'ai fait l'interview en décembre...), mais aussi les alertes entre voisins : j'ai perdu mon chat, ou on m'a raflé mes décorations de Noël, par exemple. Une des clefs est bien sûr la confiance, que seule la rencontre physique permettra de consolider... Anecdotique, ces services ? L'avenir le dira.

Modèle économique : agrégateur de services
« Le modèle sera celui de l'affiliation : nous prendrons une légère commission, sur l'utilisation ou sur l'inscription des services », explique David Rouxel. La plateforme restera gratuite, de même que les services de base, mais elle prélèvera une commission à BlaBlaCar ou à la Ruche qui dit Oui. Telle est l'ambition.

2015 sera une année cruciale puisque l'entreprise devra lever des fonds et développer ses partenariats. De nombreuses pistes sont à l'étude, comme des partenariats avec des bailleurs sociaux et des services construits avec et pour les collectivités locales. Déjà, des maisons de quartier utilisent le réseau, en tant qu'utilisateur « ambassadeur ». Au niveau de mon quartier, j'attends de recevoir la carte postale.



Quelques localités où le réseau est actif (à décembre 2014) :
Dinan & Quévert – Saint-Malo - Villeurbanne (Lyon) – Versailles – Blois – Saint-Brieuc – Rennes – Caen - Rouen




Prospectus proposé aux utilisateurs 



lundi 5 janvier 2015

Activisme : les victoires 2014


Aux Etats-Unis eBay et Google ont été obligés de quitter le lobby ALEC. En France la Société Générale a dû lâcher le projet Alpha Coal. Quant à Lego, le fabricant de jouets a terminé son partenariat avec Shell. Ce ne sont que trois exemples de grandes campagnes activistes qui ont réussi en 2014. Rétrospective.

Climat // eBay quitte l'American Legislative Exchange Council

Le 18 décembre, le patron d'eBay annonce que son entreprise cesse d'adhérer à l'American Legislative Exchange Council (ALEC). Motif : le lobby s'oppose à toute réglementation sur le changement climatique.



Créé en 1973, l'ALEC est un lobby qui regroupe environ 1800 parlementaires nord-américains et 200 grandes entreprises et juristes. Sa principale activité est de faire passer des propositions de lois, ou d'articles de loi, auprès des parlementaires des Etats, en cohérence avec trois principes : « gouvernement limité, libre marché, fédéralisme. » Mais de notoriété publique aux Etats-Unis, l'organisation diffuse un discours climato-sceptique et s'oppose à toute régulation sur le climat. D'après le patron de Google Eric Schmidt, l'ALEC «a menti littéralement sur le changement climatique ». Google a quitté l'ALEC peu de temps avant eBay, à l'automne 2014.

Le départ d'eBay et de Google signe la victoire des activistes de « Forecast the Facts ». Cette initiative web, qui se traduit littéralement par « Prévoir les faits », avait adressé plus de 100.000 signatures à eBay, le 18 décembre. Forecast the Facts est une émanation du Citizen Engagement Laboratory. Elle vise désormais AT&T, Verizon, FedEx et UPS. Avec un argument imparable : une entreprise responsable ne peut pas décemment mener une politique de décarbonisation de ses activités, afin de limiter ses émissions de CO2 (ce que ces entreprises font) tout en finançant parallèlement un lobby qui remet en cause la réalité du changement climatique.


Déforestation // Kellogg's s'engage sur l'huile de palme

Le 14 février 2014, Kellogg's dévoile une nouvelle politique d'achat sur l'huile de palme. Elle ne bannit pas l'huile controversée mais elle marque une véritable inflexion : l'entreprise s'engage à « s'approvisionner exclusivement en huile de palme avec traçabilité et produite sur un mode qui soit respectueux de l'environnement, socialement bénéfique et économiquement viable ». Outre le respect des principes RSPO (= huile certifiée durable), Kellogg's s'engage à protéger les forêts tropicales et les zones humides d'Asie.

On ne jugera pas ici de l'efficacité réelle de cette annonce : c'est un autre sujet. Mais contentons-nous de souligner qu'elle signifie la réussite des pressions mises sur Kellogg's par plusieurs organisations américaines. L'une d'entre elles, le projet Orangs , est une émanation de l'organisation des Scouts féminines (Girls Scouts USA, plus de 2 millions de membres). Orangs a été fondé par deux jeunes « passionnaria » Madison Vorva et Rhiannon Tomtishen en 2007. Après avoir créé une prise de conscience sur les liens entre huile de palme et déforestation des habitats d'orang outangs, au sein de l'organisation scout , les deux jeunes filles ont décidé de faire pression sur Kellogg's, premier producteur mondial de céréales matutinales et second producteur de cookies, une denrée dont les scouts raffolent.


« Nous communiquions avec le Directeur du développement durable de Kellogg's depuis 2012 et l'été dernier nous avons apporté 115.000 pétitions en partenariat avec SumOfUs, demandant à l'entreprise d'éliminer toute connexion avec la destruction de la forêt de Tony le Tigre, en lien avec les plantations d'huile de Palme ».


Investissement (ir)responsable // Société Générale se retire de la mine de charbon Alpha Coal

Le 5 décembre, un communiqué de presse de la Société Générale annonce que la Banque n'est « plus impliquée dans le projet Alpha Coal ». Victoire pour les activistes de Bizi ! , des Amis de la Terre et d'Attac, qui menaient campagne, certains depuis plusieurs années, contre le projet de mine de charbon en Australie. La Société Générale n'avait pas encore accordé de financement, mais elle assurait une prestation de conseil financier pour le promoteur de la mine, la co-entreprise indo-australienne GVK-Hancock. Le projet continuera, sans la banque française.

Situé sur le littoral du Queensland, Alpha Coal est un projet de mine de charbon pharaonique, dont l'impact sur l'environnement et les émissions de CO2 seront, s'il est mené à terme (et en prenant en compte les émissions de CO2 dans les centrales électriques indiennes), considérables. D'où l'opposition des trois organisations non gouvernementales. 

 

Ces derniers mois, l'organisation basque Bizi ! s'était distinguée en organisant des « picketing », c'est-à-dire des occupations non violentes de succursales Société Générale. Son message avait été renforcé par le retour de la question climatique dans les médias, sur fond de conférences onusiennes : COP20 à Lima et COP21 prévue à Paris.
Tant le mode d'action (incluant des « picketing ») que l'objectif (briser le contrat entre une banque française et un industriel asiatique) font de cet événement une première.


Pétrole arctique : Lego se fâche (presque) avec Shell

« Lego met fin à 50 ans de relations avec Shell », claironne Greenpeace le 9 octobre 2014. La veille, Jørgen Vig Knudstorp, le président du fabricant de jouet, a annoncé que son entreprise ne renouvellerait pas son contrat de co-promotion avec Shell, un contrat qui se traduisait par la présence du logo du pétrolier sur des jouets Lego et leur distribution en stations service.


La décision marque la victoire d'une campagne éclair de Greenpeace. Trois ans après sa campagne contre Mattel et Barbie sur la déforestation, l'ONG a frappé fort avec une vidéo diablement efficace, qui dépeint une marée noire dans l'océan Arctique. Contrairement à Total, Shell continue en effet d'envisager d'exploiter le pétrole dans cette zone du globe, alors que les risques environnementaux y sont particulièrement élevés. La vidéo avait été vue par plus de 6 millions de personnes, parmi lesquels plus d'un million avaient envoyé un email à Lego.


Campagne Detox : Lidl s'engage sur les molécules toxiques

Greenpeace toujours. Le 10 décembre, Lidl, deuxième chaîne de supermarchés discount au monde, répond à la campagne Detox de l'ONG en s'engageant à éliminer toutes les substances chimiques dangereuses de sa production textile d'ici au 1er janvier 2020. L'engagement de Lidl est conséquent : en Allemagne, la chaîne est devenue l'un des 10 principaux vendeurs de vêtements du pays, avec plus d'un milliard d'euros réalisés chaque année.

Conformément aux suggestions de Greenpeace , Lidl a publié un engagement très détaillé avec un calendrier d'actions progressives, de 2015 à 2020. L'entreprise ajoute une liste de onze molécules chimiques à bannir en priorité. En fait, cette annonce n'est que la dernière d'une longue série, qui a vu Puma, Adidas ... s'engager tour à tour, au rythme des rapports d'enquête effectués par l'ONG en Chine et en Europe. Le dernier rapport Detox, publié à l'été 2014, pointait la présence de nombreuses substances toxiques (phtalates, etc) dans plusieurs chaussures, T-shirts et autres vêtements vendus en Allemagne.

De quoi ces « succès » sont-ils le nom ?
Ces cinq réussites ne sont pas les seules, aux Etats-Unis par exemple, un projet de terminal charbonnier dans l'Oregon a été bloqué en août 2014, conformément au souhait de plus de 20.000 Nord-américains, qui avaient fait pression sur le gouverneur.

Mais quelle leçon peut-on tirer de toutes ces campagnes ? Un premier fait saute aux yeux : les causes qui ont gagné étaient environnementales, et non pas sociales ou financières. Pourtant, des campagnes existent sur des thèmes de justice sociale. Elles mobilisent moins.

C'est le cas par exemple de la campagne pour garantir un salaire vital aux ouvrier-e-s textiles d'Asie qui fournissent les multinationales. Cette campagne internationale pour un « Asian floor Wage » existe depuis 2007. En France, elle est portée par le collectif Ethique sur l'étiquette, un collectif qui regroupe la CFDT et le CCFD. Sans grand succès apparent à ce jour. Peut-être que les objectifs, tels qu'ils sont conçus, sont moins lisibles, ou bien la sensibilité du public est plus faible.

Quant aux « causes » financières, il ne semble pas y avoir eu de campagne significative là-dessus en 2014. Rien par exemple, pour pousser les multinationales à abandonner l'optimisation fiscale.